Hôtels particuliers et tours d'orgueil
C'est un incendie qui marqua le début de la prospérité et du renouveau architectural de Toulouse.
En effet en 1463, les deux tiers de la ville brûlèrent. A la suite de ce désastre, le roi Louis XI qui vint voir de ses propres yeux l'état catastrophique de la ville, décida de l'exempter d’impôts pendant 100 ans ! Bien que cette exemption fut en partie réduite par son successeur cela eut pour effet d'attirer des entrepreneurs qui se lancèrent dans le commerce du pastel.
Certains marchands firent fortune en exportant leur production dans toute l'Europe.
Petite anecdote à propos d'une expression bien connue : le pastel était expédié sous forme de petites boules de feuilles écrasées appelées "cocanha" en occitan. Ce commerce fit la richesse de toute la région d'où l'expression "pays de cocagne".
Cette période de prospérité prit fin dans les années 1560 avec le début des guerres de religion et la concurrence de l'indigo importé des Indes.
Donc, c'est au XVIe siècle que furent construits les plus beaux hôtels particuliers. La plupart sont des édifices privés et non
visitables.
Les premiers hôtels particuliers furent bâtis par de très riches marchands pastelliers qui devinrent souvent des capitouls. Cela les autorisait à orner leur
hôtel d'une tour capitulaire, appelée aussi tour d'orgueil qui porte bien son nom puisqu'elle ne servait qu'à montrer leur richesse. Il en reste une centaine.
Seuls les propriétaires de ces tours y ont accès.
Par la suite, les hôtels particuliers furent surtout construits par de riches parlementaires.
Si vous voulez en savoir plus, lisez les explications passionnantes et très documentées de ce site remarquable.
L'Hôtel de Bernuy
C'est mon préféré et c'est pour pouvoir y entrer que nous avons eu l'idée de faire la visite guidée proposée par l'Office de tourisme. Il fait aujourd'hui partie du lycée Pierre-de-Fermat qui jouxte le couvent des Jacobins.
Il fut construit entre 1503 et 1536 par Jean de Bernuy, un marchand espagnol qui devint l’homme le plus riche de la ville grâce au commerce du
pastel. Jean de Bernuy fit partie de ceux qui se portèrent caution pour faire libérer le roi François 1er emprisonné par Charles-Quint suite à la défaite de Pavie en 1525. Le roi lui rendit
d'ailleurs visite pour le remercier.
La visite permet de voir deux cours :
L'hôtel d'Assézat
Cet hôtel particulier de XVIe siècle est peut-être le plus beau de la ville. Il abrite la Fondation Bemberg (voir ici).
Sa construction débuta en 1555. Son propriétaire, Pierre d'Assézat , un riche marchand qui avait fait fortune dans le commerce du pastel, mourut ruiné en 1581 avant de le voir terminé.
Hôtel du Vieux-Raisin
Situé au 36 rue du Languedoc, la porte de la cour semble être ouverte en journée, en tout cas c'était le cas les quelques fois où nous sommes passés devant.
Cet hôtel fut construit vers 1515 par le capitoul Béringuier Maynier puis agrandi vers 1550. Il tire son nom de la rue du Vieux-Raisin qui disparut en 1908 pour laisser place à celle du Languedoc.
Hôtel de Tournoer
Situé au 9 rue Ozenne, il est visible de la rue, ce qui est rare.
Il fut construit dans les années 1460-1470 par le capitoul Pierre Dahus puis appartint à Pierre de Roquette et à Guillaume de Tournoer qui fit modifier la tour d'escalier en 1532. Ceci explique qu'il est aussi appelé hôtel Dahus et hôtel Roquette.
Au début du XXe siècle, une partie du bâtiment fut détruite lors du percement de la rue Ozenne.
Hôtel de Baderon-Maussac
Situé au 8 bis rue Ozenne, il souffrit lui aussi du percement de la rue Ozenne. Il reste une tour au
toit en ardoise et une jolie petite tourelle. Hôtel du XVIIe siècle.
Hôtel d'Ulmo
Situé au 15 rue Ninau, cet hôtel particulier du XVIe siècle fut construit pour Jean d'Ulmo qui devint très riche et gravit à une vitesse spectaculaire toute la hiérarchie jusqu'à devenir président du parlement. Suite à des malversations notoires, il finit ... pendu.
Hôtel du capitoul de Comère
L'hôtel du capitoul de Comère est situé au n°3 de la très animée rue de Saint-Rome, il est très facilement repérable grâce à ses fenêtres de brique et de pierre.
Cet hôtel particulier appartenait à Pierre de Comère, un riche marchand du XVIIe siècle.
Tour du capitoul Pierre de Serta
Cette tour de 1529 visible de la rue et surplombant une belle maison à colombage se situe 2 rue Saint-Rome.
Hôtel Huc de Boysson-Cheverry
Situé au 11 rue Malcousinat, l'hôtel abrite la Maison de l'Occitanie. On peut donc entrer voir les deux cours.
La première datant de la fin du XVe siècle est due au capitoul Hugues (ou Huc) de Boysson . La deuxième du début du XVIe siècle fut construite par le capitoul de Cheverry, enrichi par le négoce du pastel.
Très belle fenêtre gothique dans la deuxième cour.
Hôtel Dumay
Situé 7 rue du May, cet hôtel particulier fut bâti à la fin du XVIe siècle par Antoine Dumay, médecin de renom. Il abrite aujourd'hui le Musée du Vieux Toulouse, cela permet de voir la cour Renaissance, ouverte au public.
Hôtel de Clary appelé aussi L'hôtel de Bagis, de Clary ou Daguin et plus communément Hôtel de pierre
Au vu de tous les noms de cet hôtel, vous avez compris que plusieurs propriétaires importants se sont succédé. La façade en pierre du début du XVIIe siècle, signe
de grande richesse car ce matériau était très onéreux, est due à François de Clary. Celui-ci ayant en charge la réfection du Pont-Neuf, quelques doutes apparurent quant à l'origine des pierres
utilisées d'où ce dicton : « Il y a plus de pierres du pont à l'hôtel de pierre que de pierres au pont ». A sa mort en 1616, la façade n'était pas encore
terminée.
Le jour où nous passions devant, une habitante de l'hôtel particulier m'a vu photographier la façade et m'a proposé de rentrer dans la cour. Vraiment adorable ! 😊
Il est situé au 25 rue de la Dalbade
Hôtel du 13 rue de Vélane
Il n'a pas de nom mais est facile à repérer de l'extérieur grâce à ses deux tours. Il possède deux cours. La première est de style Renaissance bien que les deux tours ne datent que du XIXe siècle. Dans la deuxième cour, on peut voir une imposante verrière et un cadran solaire de 1750.
Hôtel Molinier appelé également hôtel de Felzins, hôtel Catelan.
Situé 22 rue de la Dalbade, cet hôtel particulier possède un portail remarquable qui date de 1556. Il possède également deux cours qui étaient accessibles le jour de notre visite.
Hôtel de Villeneuve
Très bel hôtel particulier du XIXe siècle au 23 rue Deville. On doit sa construction au marquis de Villeneuve.
Castel Gesta
Dans un tout autre genre, ce petit bijou de la fin du XIXe siècle vient d'être sauvé de justesse et restauré. Situé rue Godolin, il fut édifié par le verrier Louis-Victor Gesta qui y exposait ses œuvres. On ne peut voir que l'extérieur qui jouxte un petit jardin public mais c'est déjà très beau.
Et pour finir, quelques façades et places photographiées au cours de nos promenades.
Notre-Dame de La Dalbade fut terminée au XVIe siècle. Son nom dérive de "dealbata" qui signifie blanchie en référence à ses murs recouverts de chaux.
Son tympan en céramique réalisé par Virebent date de 1874. Quant à son clocher, il fut construit une première fois en 1551 puis de nouveau en 1881 et s'écroula en 1926 !